Espérance et sororité dans l’écriture de Nicole Cage-Florentiny

October 2023

« Le monde a besoin de ce regard, de ce souffle, de cette colère, de cet amour des femmes »

Abstract

This interview took place via Zoom on 14 June 2023. It explores the themes of hope, sorority, and the driving spirit behind the artistic journey of the Martinican writer Nicole Cage-Florentiny. The questions revolve around the relationship between her poetry, her novels, her plays, her children’s literature, and her role as a professor and as a mother, exploring hope as a value to be encouraged in younger generations. For the poet, hope and joy are related to action, not to passive contemplation, and love is the glue that brings this emotion forward in people. Her personal life story intertwines with those of other Caribbean women, describing their challenges, suffering, and historical injustices. Trying to frame her writing in a wider context, Cage-Florentiny is deeply influenced by Aimé Césaire, Nicolás Guillén, Birago Diop, Édouard Glissant, Suzanne Roussi Césaire, Maryse Condé, Gisèle Pineau, Assia Djebar, Maya Angelou, and Toni Morrison. Music nourishes her recitations and “shamanic” performances on stage, echoing the voice(s) of African griots and conteurs.


La première fois que j’ai écouté Nicole Cage-Florentiny déclamer ses vers, j’avais hâte de les lire en créole martiniquais, curieuse de comprendre la puissance sur la page de ses mots chantés mais, en même temps, enracinés musicalement dans l’histoire (post)coloniale. Mon exploration de la relation entre les créoles caribéens et une esthétique socio-historique et littéraire du développement de la région reconnait dans l’écriture féminine de Nicole Cage-Florentiny une forme d’art servie par des mots percutants, qui montre une île tropicale violée par l’histoire, par les ouragans, et par les éruptions volcaniques.

Dans la revue Tropiques, Suzanne Césaire avait condamné un certain manque d’authenticité dans ce qu’elle avait notamment défini comme une « Littérature de hamac. Littérature de sucre et de vanille. Tourisme littéraire… Allons, la vraie poésie est ailleurs. Loin des rimes, des complaintes, des alizés, des perroquets » (numéro 4, 1942). La littérature de Cage-Florentiny, bien au contraire, fait appel de vers libres, de lutte, d’espoir, de tempête, des anolis endémiques1

Nicole Cage-Florentiny est née en Martinique, mais elle a écrit et présenté ses œuvres en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis) aussi.  Elle est auteure de romans, recueils de poèmes, pièces de théâtre, enseignante pendant une vingtaine d’années, formatrice et traductrice. Elle a remporté plusieurs prix littéraires, comme le Prix Casa de las Américas à Cuba en 1996, le Prix Oeneumi en Macédoine en 2002, le Prix Naaman pour la Culture au Liban en 2004 et le Prix Gros Sel en Belgique en 2006. La poétesse cubaine Nancy Morejón a traduit ses poèmes en espagnol.

Cage-Florentiny écrit dans plusieurs langues caribéennes pour nouer des liens entre les îles et territoires que les colonisateurs ont tenté de dénouer. Dans cette œuvre de matelot littéraire, de religieuse dévouement à l’art, Cage-Florentiny—définie par la docteure Hanétha Vété-Congolo comme « une femme en quête d’absolu »2—accorde une importance essentielle aux histoires viscérales des femmes3. Cet entretien via Zoom du 14 juin 2023 explore les thèmes de l’espérance, la sororité et sa relation avec l’écriture.

Sara Florian : En 1996 vous avez obtenu le prix cubain Casa de las Américas pour votre deuxième recueil, Arc-en-ciel, l’espoir. Dans le recueil Carrefour des errances / Où irait mon cri ? (2018), il y a aussi le thème de l’espérance, de l’espoir. Dans Tibougla et le jardin des rêves (2018), la vieille Dame Tamkitam dit à Tibougla, « Parce que tu es le seul à avoir continué de rêver ! / Les grands du village, eux, ont oublié tous leurs rêves ! »4, et après Tibougla chante en Créole, « An sel rimèd sé bel rèv / An sel rimèd sé lanmou »5. Comment est-ce que ces sujets de l’espérance et des rêves se sont métamorphosés dans les dernières trente années de votre carrière ?

Nicole Cage-Florentiny : Tibougla est un peu le prototype du jeune garçon ou de la jeune fille, plein(e) de courage, d’ouverture du cœur, et en même temps de cette innocence : sa vie est ouverte à la magie, c’est parce qu’il parle à ses plantes, et qu’en les arrosant il leur donne de l’amour, qu’il a été choisi pour sauver le village. Tibougla est en peu celui auquel je voudrais que ressemble la jeunesse martiniquaise. C’est vrai qu’avec l’accès aux nouvelles technologies, j’ai le sentiment que les enfants ont perdu un peu le sens de l’émerveillement, le sens de la magie, du lien avec la nature. Tibougla, c’est une invite à ces enfants, à cette jeunesse à se reconnecter à cette innocence, à cet émerveillement et à cette connexion avec la nature. Dans mon roman L’Espagnole (2002), qui est un roman qu’on a qualifié de dur parce qu’il traite du thème de la prostitution et de l’exil, la question de l’espérance, de l’espoir est très présente. Je pense que sans espoir, sans espérance, sans rêves, sans utopie, le peuple se meurt. L’espérance peut paraître quelque chose de naïf et d’illusoire, mais pour moi l’espérance est liée à l’action.

SF : L’amour comme un remède paraît être une des solutions que vous envisagez contre les horreurs de l’histoire et contre les lourdeurs de la vie. Tibougla recherche lui-même une solution pour pallier le manque de joie de vivre et pour bouleverser l’histoire de son village. Le même principe se retrouve dans Où irait mon cri ? et dans Dèyè pawol… Sé lanmou, Par-delà les mots… L’amour (2008). Comment est-ce que l’amour peut résoudre la laideur du monde ou le chagrin ?

NCF : Pour moi l’amour relève quelque part de la même racine que l’espoir, c’est ce qui nous maintient debout. L’amour, c’est à la fois la relation à l’autre, la relation à soi, la relation à la nature, la relation à plus grand que soi. Cet amour dont je parle n’est pas de la béatitude. L’amour c’est vraiment ce lien puissant entre les gens et la nature, entre les gens et les animaux, et c’est vraiment ce qui cimente les relations.

SF : J’ai essayé de comprendre ce qui vous pousse à écrire. Dans Aime comme musique ou comme mourir d’aimer (2006), vous parlez d’un personnage qui doit « s’octroyer l’espace d’expression dont elle avait besoin pour respirer, pour vivre simplement »6. Au Congrès International des Écrivains Caribéens en Guadeloupe (2011) vous avez parlé d’une « petite voix qui murmure à l’oreille de vos âmes »7. Quelle est votre étincelle créative ?

NCF : Mon étincelle créative, c’est cette joie fondamentale dont j’ai parlé précédemment et qui est notre essence. Parfois, les accidents de la vie nous amènent à nous déconnecter de cette joie. Pour ma part, quand je parle de choses tristes, même quand j’écris sur des réalités douloureuses et même violentes, ce qui me motive c’est vraiment de retrouver cette étincelle de joie, qui est pour moi l’étincelle de vie. Je prends, par exemple, le personnage de Malaïka dans C’est vole que je vole (2006) : cette femme, ce personnage endure tout ce qu’une femme peut endurer de plus douloureux, de plus violent dans sa vie : l’inceste, le silence meurtrier, la rumeur, la prison, une fausse couche. Pourtant, il y a cette espèce de force de vie qui la propulse à la recherche de sa mémoire, de son nom, d’elle-même, et ça elle le retrouve près du Fromager, qui pour moi symbolise la sagesse millénaire qui vient d’Afrique.

SF : J’ai eu l’impression que dans votre poésie vous décrivez plusieurs niveaux historiques, alors que dans vos romans la contemporanéité et les problèmes de société émergent plus puissamment : est-ce vous pensez que le roman représente un endroit plus favorable à l’écriture des problématiques d’aujourd’hui ?

NCF : Oui, c’est vrai que j’ai fait le choix ou le parti pris de mettre en scène des personnages d’aujourd’hui. Je trouve que mes prédécesseurs ont magnifiquement parlé de la société de plantation. Pour moi en tant que femme caribéenne c’est important de faire entendre la voix des femmes contemporaines en particulier, parce que si on ne prend pas la parole, on ne nous la donne pas. J’ai fait le choix d’être quelque part la voix de ces femmes de la Caraïbe violentées, méprisées, niées, paradoxalement adulées, idéalisées, mais qui constituent une force dont elles-mêmes n’ont pas toujours de conscience.

SF : Parmi vos modèles littéraires on peut citer les écrivains Aimé Césaire, Nicolás Guillén, et Birago Diop, mais j’ai aussi lu votre adresse posthume à Édouard Glissant. Est-ce que vous avez des modèles littéraires féminins aussi ?

NCF : Oui, en Martinique il y a Suzanne Roussi Césaire, dont la parole a été longtemps gardée sous silence et à travers Le grand camouflage, ce recueil réalisé à partir des textes qu’elle a publiés dans Tropiques. On découvre là une parole racine, sauvage, dans laquelle je me reconnais… une espèce de souffle puissant et violent, qui dit un peu cette Martinique, ces Antilles violentées. J’aime aussi l’écriture, plus loin de nous, d’Assia Djebar, de Maya Angelou, de Toni Morrison.

SF : Maryse Condé ou Gisèle Pineau ?

NCF : Oui, bien sûr, c’est vrai qu’elles sont proches. Quand j’ai lu leurs premiers ouvrages… par exemple Ségou [de Maryse Condé, NDLR] ou La Grande Drive des esprits de Gisèle Pineau, j’ai effectivement été transportée par ces figures féminines de la Guadeloupe, qui sont essentielles dans la Caraïbe.

SF : Votre travail comme animatrice à la Radio Caraïbes International, votre production de théâtre, et vos récitals de poésie, de « pawol ek mizik »8 montrent une propension à la performance. Quelle importance est-ce que vous donnez à la musique ?

NCF : Essentielle. L’une des choses qui me nourrissait, c’était la musique. C’est vraiment une expression qui m’est naturelle et je pense qu’elle est dans la tradition des griots africains et des conteurs d’ici : et voilà, la parole lie, la parole relie, la parole fonde aussi, la parole dite porte en elle déjà sa propre musique. Mes amis d’Amérique Latine, quand ils m’ont vue faire des récitals, ils m’ont surnommée « la poétesse chamane » : je suis pieds nus sur scène et effectivement, dans ces moments-là, je me sens reliée à quelque chose d’essentiel, avec la terre et en connexion en même temps avec les gens, à travers leurs regards, à travers l’écho que je reçois de ce que ces mots et cette musique qu’ils entendent provoquent en eux.

SF : Quelle pertinence occupent les Amérindiens et les populations indigènes de la Caraïbe dans votre production littéraire et artistique ?

NCF : Je n’ai pas tout de suite pris conscience de cette dimension autochtone, des peuples qui étaient là avant que les colonisateurs ne nous lâchent sur cette terre, mais ils sont là et leur présence se manifeste à travers certaines sonorités, certains mots, certains gestes culinaires ou culturels. C’est faux d’affirmer qu’il n’y a pas eu de rencontre entre les premiers Africains qui sont arrivés ici et les derniers Kalinagos, on sait qu’il y a eu une rencontre, des transmissions, des échanges de savoirs, de gestes de soin notamment, entre les deux. Sur le rivage de l’Anse Bellay entre les territoires des Anses d’Arlet et Les Trois-Îlets, après une forte houle, la mer a mis à jour des ossements, donc des fouilles ont eu lieu, qui ont permis de mettre à jour trois strates d’occupation humaine. La première occupation du huitième siècle c’était des Arawaks ; pendant le douzième siècle il y a eu les Kalinagos ; la dernière strate d’occupation sont des Africains. Sur le même lieu, les Ancêtres sont réunis.

SF : Nous pouvons parler de Splash (2022), votre recueil de poèmes trilingues publié au Chili l’année dernière : quel poids et quelle portée ont le créole, le français, l’espagnol, et l’anglais ?

NCF : Je considère qu’on est dans ce bassin caribéen : on parle français, créole, anglais, espagnol, papiamento, etcetera. Parfois quand je parle, dans la même phrase, je peux mettre de l’anglais, du français, de l’espagnol, et du créole ; je parle comme ça. Le fait de mettre à disposition mes textes dans d’autres langues, c’est une façon de rompre cet isolement dans lequel l’on a voulu nous maintenir et de continuer à créer des liens. C’est une démarche que j’avais commencé avec Carrefour des errances, qui était bilingue.

SF : Dans le poème « Splash ! » vous dites que la Terre a « l’âme blessée »9. Dans le poème « Mon île à rire et à hurler » vous ajoutez que l’âme de votre île est « Un paradoxe exacerbé / Une intime hystérie / Un collectif délire »10. Quelle est la relation entre paysage et développement émotionnel de votre identité poétique ?

NCF : Mon identité poétique est liée à là d’où je viens, « là où ton nombril est enterré » (« la nonbrik-ou téré »), parce qu’autrefois (autre chose que nous vient d’Afrique), on enterrait le nombril des nouveau-nés au pied d’un arbre. J’ai parlé précédemment du côté chamanique de mon expression : je suis enracinée ici en Martinique et dans cette Caraïbe, tout en étant ouverte à la culture de l’autre, au monde, mais ma culture est ici. C’est tout cela qui nourrit mon écriture et le paysage, l’histoire, et les gens de cette île tellurique font ce que je suis : c’est dans tout cela que trempe ma plume.

SF : Vous savez que j’ai étudié la relation entre le sel et la littérature de Saint-Martin. J’ai trouvé des références au sel dans Splash. Dans le poème « Mon île à rire et à hurler » vous écrivez, « Prie le sel de la mer »; dans « Vole gazelle », « Tu écris sur le sel du temps » et « précieuse comme sel de la terre »; dans « Marronne jusques à quand ? », « De pluie de sel et de vent »11. Quels sont les produits coloniaux qui ont influencé la littérature martiniquaise et quelle étendue a le symbole du sel pour vous ?

NCF : Le sel n’est pas ici un produit colonial, mais il y a ce rapport qui est le même que celui j’ai aussi avec la mer, c’est-à-dire un rapport paradoxal, d’amour-haine. C’est à la fois le sel qui guérit mais aussi le sel qui fait souffrir. D’autres produits coloniaux de la Martinique… on a la canne à sucre qui est douceur et violence. Dans « Je suis d’îles » (Carrefour des errances) je dis, « saveur douceâtre de canne à sucre »12. Avant Noël quand les cannes vont fleurir, il y a comme un océan en mouvement, toutes ces fleurs de canne (ces « flèch-kann ») dans le vent, c’est beau. Mais la canne nous rappelle aussi que nos ancêtres sont morts, ont souffert, ont été déshumanisés en son nom. Aujourd’hui ce produit a été de plus en plus supplanté par la quasi-monoculture de la banane.

SF : Vous m’avez dit que l’année dernière vous étiez à Ouidah pour une résidence d’écriture et de création théâtrale pour écrire un texte inédit intitulé « Plus fort que l’oubli ». A cette occasion vous avez aussi présenté un récital, « Si telman fanm ». Maintenant vous revenez de Montréal, où vous avez travaillé à une pièce de théâtre, Cette femme-là. Je voudrais poser une question sur la sororité que je reconnais dans Dèyè pawol… Sé lanmou, Par-delà les mots… L’amour. Quelle œuvre avez-vous écrit qui fortifie, explore, ou témoigne de la valeur des femmes pour vous ?

NCF : J’ai plusieurs récitals avec différents thèmes ; je travaille essentiellement sur les thèmes de la mémoire et de la question des droits des femmes. Je suis retournée au Bénin courant 2022 pour les Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone ; pendant ce festival j’y ai présenté un « seule en scène » avec une pièce de théâtre inédite. Dans ce texte, ce sont six femmes qui sont en scène et qui parlent de ce que j’appelle leur « être—femme », de leurs combats, leurs douleurs, leurs colères, ainsi que leur douceur, amour, espoir. Je porte ma contribution à cette tentative de donner à avoir, à entendre, à comprendre, à sentir que les femmes occupent tout l’espace au niveau littéraire, au niveau du spectacle vivant, à tous les niveaux parce que le monde a besoin de ce regard, de ce souffle, de cette colère, de cet amour des femmes.

Sara Florian’s essays, poems, and reviews have appeared in World Literature Today, Caribbean Quarterly, The Caribbean Writer, and the Jamaica Observer, among other publications. She has recited her poems in St. Martin, Singapore, and Colombia and is the author of Luce: La città morente che m'ha fatto rinascere / Light: The Dying City Which Gave Me Life Again (Albatros, 2010; 2014), Caribbean Counterpoint: The Aesthetics of Salt in Lasana Sekou (House of Nehesi, 2019), and Crevices (House of Nehesi, 2023). Caribbean Counterpoint 2 is forthcoming. See https://s4r4fl0ri4n.wixsite.com/my-site.


[1] Sara Florian, « Nicole Cage et la carte poétique de sa Madinina », Madinin’Art, 6 août 2023, https://www.madinin-art.net/nicole-cage-et-la-carte-poetique-de-sa-madinina/.

[2] Hanétha Vété-Congolo, « Nicole Cage-Florentiny, une femme en quête d’absolu (entretien) » 30 novembre 2005, Martinique, paru en Ȋle en île, 18 avril 2006, ile-en-ile.org/nicole-cage-florentiny-une-femme-en-quete-dabsolu/.

[3] Sara Florian, « Review: In the Belly of Nicole Cage’s Island », The Caribbean Writer 34 (2020) : 552–54.

[4] Nicole Cage, Tibougla et le jardin des rêves (Martinique : Cimarrón EdiProd, 2018), 21.

[5] Ibid., 24–25. « Le seul remède est un beau rêve / Le seul remède est l’amour » (ma traduction).

[6] Nicole Cage-Florentiny, « Aime comme musique ou comme mourir d’aimer », Vers les Îles, 26 juillet 2011, www.vers-les-iles.fr/livres/Femmes/Cage_Flor_3.html.

[7] Nicole Cage-Florentiny, « Obstinément, être cette petite voix qui murmure à l’oreille de vos âmes… », Potomitan, site de promotion des cultures et des langues créoles, Annou voyé kreyòl douvan douvan, 6–9 avril 2011, www.potomitan.info/bibliographie/cage-florentiny/voix.php.

[8] « Paroles en musique » (ma traduction).

[9] Nicole Cage, Splash, edición trilingüe, Español/Francés/Inglés (Santiago, Chili : LP5 Editora, 2022), 64.

[10] Ibid., 70.

[11] Ibid., 72, 84, 97.

[12] Nicole Cage, Carrefour des errances (Martinique : Editions Livre Ouvert, Cameroun et Cimarròn Ediprod, 2018), 23.

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